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La chambre
1 mai 2008

Le vide serait Quelque chose

Andr__Kert_sz1

Inutile de me coucher. Inutile de me lever. Inutile de penser. Inutile de lire. Inutile de parler. Inutile de me taire. Inutile de souhaiter de mourir. Inutile de souhaiter de vivre. Inutile de souhaiter de pleurer. Inutile de souhaiter de ne point sentir. Inutile de souhaiter de sentir mieux. Je pourrais me tenir seule, quelque part dans le silence. Je recule devant Blanchot, Mallarmé. Je me tiens seule, quelque part dans le silence, sans pouvoir. Je n’ai pas la tête, entourée. Je n’ai pas la gorge, brûlée. Je n’ai pas la voix, pas la poitrine, pas le corps, pas le toucher. Je pourrais être nue, quelque part sur le plancher. La fièvre serait tombée, au même instant que moi. Je devine que je pourrais me relever (tout doucement), me tenir debout, quelque part dans le silence, au-dessus du plancher. Au-dessus du plancher il y a moi, ce doit être mon Espace; quelque chose autour de moi (le vide n’existe pas). Je me tiens seule ici, inutile de me voir ailleurs; un autre silence, un autre sol, inutile de souhaiter. Je soupçonne l’existence de ce vide qui me soutient, un Élément qui ne serait ni l’air ni la terre, ni l’eau ni le feu. Un cinquième Élément qui n’est pas le vide et qui serait le vide, si le vide était Quelque chose. Le silence ne serait pas le négatif de la parole, le dénué de tout sens. Le silence dénué ne serait pas le dénué de sens (en me taisant se voit). — J’existe.

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Commentaires
T
et moi qui n'étais plus ici, mais là (http://thomasglens.unblog.fr)<br /> <br /> mais ces mots se perdront sans doute,<br /> <br /> mais pas ma pensée,
L
Je viens de vous lire, depuis, ces longs mois, vous m'aviez répondu sans que je ne sache vous entendre, ou même vous écouter...<br /> J'arrive malhabile encore ici, je ne sais même pas quoi vous dire, je suis bouleversé...
T
Vos mots ici, un passage dans votre fenêtre, me donnent envie de vous «répondre». Je ne suis «habile» dans aucun domaine de la vie, je crois bien, mais moins encore dans le «dialogue», produisant l’immédiateté de la langue, des sentiments, des idées, y compris dans les petits Espaces que nous traversons, ici? Et puis lentement se détache ce que j’appelle une «voix», celle que je puis entendre dans votre fenêtre par exemple, «Le majeur», sous le titre d’un «effondrement» et surtout le sous-titre, «Délires chaotiques…». On peut se demander à l’infini le rapport qui existe entre ces mots et «nous», mais se demander serait déjà extraordinaire, à mon avis: ce que le banal aujourd’hui nous propose peu (les mots sont entendus, compris, digérés, utilisés, comme nos allures, nos manières, nos visages, nos habits, nos «statuts sociaux», notre Apparaître). Je n’en veux pas à l’Apparaître (un tel ressentiment signerait notre mort), seulement à ce qui le détermine par registres, évidences, réflexes, plis et routines. Ainsi, par toute la terre je crois bien, je ne parlerais pour une fois que des femmes et des hommes, de tant de manières qui passent par tant de corridors (parfois curieux), cela qui apparaît si mal tente de s’apparaître, autrement. Certains dans le secret le plus secret (comme si dans la chambre Soi-même allait suffire, ou plus traditionnellement un dieu), d’autres dans ces petits cercles de l’intimité (si toutefois ces cercles ne se referment pas, à leur manière parfois si douce, comme ces grands cercles dont je parlais à l’instant, registres de la complaisance, évidences de la convivialité, réflexes micro-grégaires, plis familialistes ou routines, où Narcisse prête à Narcisse, et retour à boucle vide). Je ne suis plus croyant, chère inconnue. Parfois les voix perdues, ici ou là, me font penser à des prières (au dieu inconnu). Pour être honnête (pardon de vous «répondre» si sérieusement, sans doute le sentiment de perte que j’expérimente après cette dent de sagesse!), je ne prie même plus de cette manière-là: je n’attends pas, je n’attends plus que l’Inconnu me «reconnaisse», me «comprenne», ni même, je dois le dire et je puis le dire très doucement, ni même que l’on me «sourie». Un Apparaître, comme dans la présente note, de voix féminine, pour mieux me faire comprendre: je ne suis pas cette voix, cette femme ici ne saurait «prendre froid», sans existence. Un Apparaître de rien, une «fiction» ou pire, un «jeu»? Je n’ai rien contre le jeu, mais rien de «ludique» en moi (hélas, si l’on veut). Non, je ne voudrais pas être «cynique». Chien volontiers, cynique au sens moderne ou contemporain, je ne voudrais pas. «Méchant» je peux l’être, d’une manière injuste ou hallucinatoire, devinant ou constatant ou «inventant» des voix qui me dégoûtent, m’effraient, me déplaisent. Mais cette «méchanceté» (épisodique), une voix sans adresse comme ici (pas dans les commentaires, je prends soin), une voix sans adresse risque toujours de mal tomber, seule je préfère, quand même s’adressant, mais ne s’adressant jamais à ces autres voix que j’aime, qui me font vivre, croire encore que la vie, quelque part dans le passé ou dans l’Espace, proche ou lointain, existe. Ces voix de la vie existent, nombreuses, anonymes, lointaines…<br /> <br /> L’Apparaître de cette voix féminine, presque insignifiante. Voix perdue à l’intérieur de «moi», sans jeu, sans «fiction»: «je» suis assis, inquiet ou angoissé, malade ou fatigué, peut-être plus détaché, plus «heureux» que cette voix, moins «perdu» (qui sait!), mais cette voix que je tente d’écouter (on ne dit rien, le silence, la voix s’incorpore peu à peu, un rêve, un livre que je lirais, si je connaissais le livre de cette voix), je ne sais pas pourquoi, au fond. Seulement là (exactement comme un rêve, sans pourquoi). Encore que la voix, comme le rêve, signale sans doute quelque chose de «moi»? Oui, parfois, je suis une femme, seule, une chambre, une détresse. Ce soir voyez-vous, si j’avais écrit une petite note: qui suis-je? Tenez, je vais me demander, et laisser une note infime (encore malade, fatigué, navré).<br /> <br /> Bien à vous,
L
Je vous découvre... Ne prenez pas froid.<br /> Je vous souris aussi.
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